Séminaire Histoire et Épistémologie des Sciences et Techniques

Organisé de 2011 à 2014 par une équipe d'enseignants et d'enseignants chercheurs, notamment par Jérôme Fatet, François Loget et Marc Moyon (ESPE de l'académie de Limoges), avec le soutien de l'IREM de Limoges.

2013-14

  • jeudi 17 avril 2014 à 17h30 (ÉSPÉ, salle A310) – Angela AXWORTHY (Centre d'Études Supérieures de la Renaissance à Tours) : « La notion de flux du point comme principe générateur de la ligne dans la tradition euclidienne renaissante »
    • Ce séminaire aura pour but de présenter les conceptions de quelques commentateurs renaissants des Éléments d’Euclide au sujet de la notion grecque de flux du point (semeion rhusis), conçu en tant que principe générateur de la ligne géométrique. Cette notion, qui trouve son origine dans l’ancien Pythagorisme, visait initialement à désigner la procession divine ou intelligible du multiple à partir de l’Un et n’était pas alors entendue de manière spatiale ou cinématique. Appliquée à la définition géométrique de la ligne, le flux du point a été dans certains contextes interprété comme un mouvement, celui du point produisant la ligne en parcourant un certain espace, ce qui était problématique tant au regard de la composition du continu qu’au regard du statut du mouvement en géométrie. En partant de l’examen de quatre commentaires des Éléments d’Euclide publiés au XVIe siècle (ceux d’Oronce Fine, de Jacques Peletier, de Henry Billingsley et de Christoph Clavius), je tâcherai de montrer comment, à la Renaissance, cette notion était interprétée et comment son usage était justifié dans le cadre de la recherche géométrique.

2012-13

  • mercredi 26 septembre à 14h (Musée Adrien-Dubouché) – journée d'étude Sciences et techniques :
    • Robert Halleux (FNRS / Centre d’histoire des sciences et des techniques de Liège / Académie internationale d’histoire des sciences) : « la science moderne ne serait-elle pas issue du savoir des artisans ? Une histoire de la pratique des arts du feu »
    • Yannick Fonteneau (Université de Lille I) : « Du travail quantifié au travail contrôlé : la science des machines dans l’Architecture hydraulique de Bélidor »
    • Céline Paul (Musée Adrien-Dubouché) : « La muséographie des techniques : quels questionnements ? Quels choix ? »
  • mardi 8 janvier Renaud D'ENFERT (ENS Lyon / IFE) : « L’enseignement mathématique dans les écoles normales primaires (1830-1880) »
    • Au XIXe siècle, le système d’enseignement français, mais aussi l’enseignement lui-même, est largement organisé en fonction des classes sociales auxquelles appartiennent les élèves : l’école primaire constitue l’école du peuple, et l’enseignement secondaire celle des classes aisées. C’est par rapport à ce contexte de « dualité scolaire » que l'on s’intéressera à l’enseignement mathématique dispensé dans les écoles normales primaires qui se développent en France dans les années 1830 pour former les futurs instituteurs. Quels sont les contenus de cet enseignement mathématique ? Comment celui-ci est-il organisé ? Dans quel esprit et pour quels objectifs est-il dispensé ? Qui sont, précisément, les enseignants chargés d’appliquer les programmes ? On sera ainsi amené à s'interroger sur la réalité de l’étanchéité, souvent admise dans l’historiographie, entre les deux ordres d’enseignement, primaire et secondaire.
  • 12 févrierMichel COTTE (Centre François Viète  – Université de Nantes) : « L'histoire des techniques : quelles méthodes pour quels usages ? »
    • L'histoire des techniques est simultanément ancienne et récente. Dès l'Entre-deux-guerres, Marc Bloch signalait son importance, dans le cadre de l'Ecole des Annales, tout en indiquant qu'il s'agissait d'un champ encore largement inexploré. Plus qu'un survol bibliographique de la discipline, la présentation s'attachera en premier lieu à dégager les principaux résultats méthodologiques qui en découlent aujourd'hui. Ensuite, et dans la perspective d'un débat, elle s'interrogera sur les rôles que la discipline est à même de jouer, via l'expérience professionnelle et scientifique du conférencier : carrefour de disciplines académiques (histoire générale, histoire des sciences, histoire économique, sociologie historique, etc.), discipline ressource pour le patrimoine technique et industriel (pratique du patrimoine et de sa conservation, formations au patrimoine, etc.), interface de référence entre SHS, Sciences pures et sciences de l'ingénieur (formation des ingénieurs, espace de recherche partagé sur l'innovation et le design des machines et des objets, etc.).
  • 19 mars Pierre CREPEL (CNRS – Lyon) : « "Dutour a enrichi de nouveaux phénomènes et de nouvelles explications..." (l'abbé Labouderie) »
    • Savez-vous quel est le seul correspondant de l'Académie des sciences qui ait publié des mémoires dans chacun des six premiers volumes des « Sçavans étrangers » (1750-1774) ? Connaissez-vous un fonds d'archives publiques conservant plus d'une centaine de lettres inconnues de ou à Buffon, Lavoisier, Lalande, Monge, D'Alembert, Hauÿ, Nollet, Bézout, Guettard, Guyton de Morveau, etc. ? Imaginez-vous une correspondance suivie sur un demi-siècle avec les plus grands libraires-imprimeurs parisiens des Lumières ? Etes-vous indifférents aux petits cahiers cousus d'écrits scientifiques, datés à l'heure près, avec les conditions atmosphériques, et surchargés de paperoles collées ou épinglées, de minutes de lettres et de réponses de savants prestigieux invitant à recommencer les expériences autrement ? Avez-vous déjà vu un Auvergnat du XVIIIe siècle se donner des consignes en anglais ? Acceptez-vous, sans comprendre, les tourbillons cartésiens ou les mystères de l'attraction newtonienne ?

      Si vous avez répondu non à ces six questions, venez-faire connaissance avec François-Etienne Dutour de Salvert (1711-1789), contrôleur des fermes à Avallon, puis physicien et receveur des tailles à Riom, seigneur de Davayat, de Salvert et de Bellenave, lauréat du prix sur l'aimant à l'Académie (1746), traducteur de Needham, de Jurin et de Symmer, minéralogiste à ses heures, adversaire des franklinistes en électricité, auteur d'expériences et de théories sur la vision, la réflexion, la réfraction, la diffraction, les anneaux colorés, les couleurs accidentelles et la double réfraction du spath d'Islande, sur la capillarité, l'adhésion, la dissolution, la submersion, compatriote de Gilbert Romme, de Jean Ehrard et de Yannick Fonteneau et auteur d'une concordance entre les Evangiles. Venez donc découvrir en preuh-vince la « passionnante banalité des faits ».
  • 28 mai – Muriel LE ROUX (CNRS – ENS / IHMC) : « Les substances naturelles, médicaments contre le cancer : brève histoire de la Navelbine, du Taxol et du Taxotère »
    • Les substances naturelles sont, de longue date, utilisées pour soigner les maux les plus divers dont souffrent les hommes. Toutefois ce n’est qu’au XIXe siècle que l’on a commencé à tenter de chercher à comprendre les mécanismes d’action en œuvre et bien plus que les chimistes ont commencé à chercher à imiter ce qu’ils observaient et isolaient.
      Au sein de cette saga fascinante que les historiens des sciences commencent à peine à étudier, les taxanes – classe très utilisée d'agents chimiothérapeutiques – occupent une place singulière. Elle comprend le paclitaxel (Taxol) et le docétaxel (Taxotère). À l'origine, le paclitaxel (Taxol) a été isolé de l'if de l'ouest américain – taxus brevifolia –, un if du genre Taxus, tandis que le docétaxel a été isolé à partir du Taxus baccata, espèce cultivée en Europe. Mais, bien que moins connue car moins liée aux très grandes entreprises pharmaceutiques, cette histoire n’est intelligible que si on la connecte à celle d’autres substances naturelles, les alcaloïdes notamment ceux extraits de la pervenche de Madagascar qui sont connus sous le nom de vinorelbine et commercialisés sous le nom de Navelbine.
      C’est de cette histoire complexe liant les hommes, les fleurs, l’arbre et les remèdes possibles pour combattre ce profond dérèglement de la nature qu’est le cancer dont il sera question… Nous verrons comment le travail scientifique de compréhension a croisé celui des industriels. Cette histoire, qui est novatrice en ce sens que pour la première fois une entreprise pharmaceutique, les laboratoires Pierre Fabre, ont partiellement ouvert leurs archives, est exemplaire dans ce qu’elle laisse voir des modalités de fonctionnement du complexe scientifico-industriel.
  • 10 juin – Ahmed DJEBBAR (Université de Lille I), Tony LEVY (CNRS – SPHERE), Bernard VITRAC (CNRS – EPHE – Centre Louis-Gernet) : titres à préciser.

2011-12